L’Académie des Sciences, des Arts, des Cultures d’Afrique et des Diasporas (ASCAD) d’Abidjan en Côte d’Ivoire a organisé, du 25 au 29 juillet 2016 un « séminaire international de critique d’Art à l’attention de journalistes culturels d’Afrique francophone».
La cinquantaine de participants était composée de journalistes originaires du Burkina Faso, du
Cameroun, du Congo-Brazzaville, du Congo-Kinshasa, du Niger, du Sénégal et de Côte d’Ivoire bien sûr mais aussi de professeurs d’université, de responsables de galeries, de commissaires d’exposition et d’artistes peintres. Les travaux, coordonnés par M. Yacouba Konaté, Professeur des Universités, critique d’art et Etudes africaines à l’Université d’Abidjan-Cocody, se sont déroulés à la Rotonde des Arts sise au quartier Plateau de la capitale ivoirienne.
Le discours d’ouverture a été prononcé par le président de l’ASCAD, le Professeur Aïdara Daouda, qui a souhaité la bienvenue aux participants et souligné l’importance de cette rencontre qui doit permettre aux journalistes culturels de mieux comprendre le «langage plastique ».
L’honneur est revenu au Français d’origine espagnole Ramon Tio Bellido, une des figures de proue de l’Association internationale des critiques d’art (AICA), de présenter la première communication à ce séminaire international de critique d’art. M. Tio Bellido a ainsi présenté un «Panorama des grandes figures de l’histoire de l’art en Occident ».
Entrant plus dans le vif du sujet, Mme Simone Guirandou, propriétaire de la galerie d’art Louis Simone Guirandou d’Abidjan, s’est appesanti sur le «langage plastique» proprement. « Comment regarder et lire un tableau ou une sculpture ? » : tel était l’objectif de cette brillante communication.
La troisième communication fut présentée par le Pr. Yacouba Konaté. Il y a évoqué « quelques repères dans l’art moderne et contemporain en Afrique » avec un accent sur ce qu’il appelle les « couleurs africaines » (blanc, noir, rouge) et les matériaux et techniques de composition des œuvres. La dernière communication, présentée par M. Tio Bellido, a porté sur « les grandes expositions internationales » d’art.
Les journalistes culturels participant au séminaire ont par la suite été scindés en deux groupes pour visiter des expositions. Le premier est allé à la galerie Louis Simone Guirandou et à la galerie «Houkami Guyzagn » de M. Thierry Dias ; le second, à la galerie Cécile Fakhoury. A la galerie de Mme Simone Guirandou, on a eu droit à une exposition de photos de l’Ivoiro-brésilienne Loza Malheombho. Il s’agit en fait d’un travail artistique original basé sur des «selfies » de Loza elle-même portant ou tenant divers animaux, coiffures ou objets qu’on n’associe pas couramment. La scénographie de l’exposition des vingt tableaux de Loza est agrémentée de meubles design du Franco-sénégalais David Guyot et de Issa Diabaté ainsi que de poteries ghanéennes et d’un meuble à base de matériaux de récupération.
Notons que la galerie Louis Simone Guirandou, ouverte le 10 décembre 2015 au quartier Cocody, est très connue, d’autant qu’elle jouxte le Goethe Institut ou Centre culturel allemand d’Abidjan. A la galerie « Houkami Guyzagn » de M. Thierry Dias, les tableaux, de diverses dimensions, sont accrochés aux murs sans ordre mais, ici, l’essentiel est ailleurs. En effet, cette galerie a vocation à « détecter, promouvoir et développer les œuvres de plasticiens et de sculpteurs, en organisant des expositions, des rencontres et des débats autour de l’art ». Pour ce faire, la galerie dispose d’un atelier de travail, de chambres et même d’un bar-restaurant en vue d’accueillir des artistes voulant d’une bonne retraite pour créer…
Après ces visites, les participants ont été conviés au montage de l’exposition « Diasporas » à la Rotonde des Arts. Histoire de connaître les dessous de cartes. Pour couronner le tout, ils ont été soumis à des «essais critiques» et au vernissage de l’exposition «Diasporas». Ils ont ainsi pu apprécier des œuvres des artistes peintres N’guessan Kra et Pascal Nanpemanla avant d’échanger librement, au finish, autour d’un pot offert par l’ASCAD. D’où il ressort la nécessité de créer un réseau africain de critiques d’art pour encourager les arts plastiques.