Michèle Tadjo, née en Côte d’or en France, le 12 février 1932 et rappelée à Dieu le 30 Octobre 1998 à Abidjan, est une peintre, sculptrice, designer ivoirien. Elle était une artiste qui s’interrogeait sur le drame de la vie, par l’écart insurmontable entre les aspirations spirituelles et leurs possibilités de réalisation. Elle fut désignée Chevalier de l’ordre du Mérite Culturel Ivoirien en 1986.
Une enfance passionnante
Michèle Tadjo est née dans un petit village de la Côte d’or en France, le 12 février 1932. Elle a fait ses études secondaires à Dole dans le Jura. Ses parents, négociants en vin possèdent de gros camions parcourant la région bourguignonne pour livrer les clients. Elle étudie la sculpture dans l’atelier de Maître Yencesse avant de continuer à l’École des Arts Appliqués à l’Industrie de Paris.
Le grand départ
Elle se marie en 1952, à Joseph Tadjo Ehoué, jeune étudiant ivoirien, originaire de Maféré (région d’Aboisso) avec qui elle a deux enfants. Quatre ans plus tard, c’est le grand départ pour la Côte d’Ivoire. Elle entre aux Beaux-Arts d’Abidjan où elle suit des cours et prépare en même temps le certificat d’aptitude à la formation artistique supérieure et le diplôme français de peinture. Elle exécute des dessins scientifiques pour les laboratoires de botanique de l’université de Côte d’Ivoire. Par la suite, elle enseigne dans les lycées et collèges d’Abidjan, puis en atelier de peinture.
Abidjan, la belle
Quand elle arriva à Abidjan, tout devint différent pour elle. Nouvelle trajectoire, nouveaux défis. Elle chercha sa place au sein d’une société encore divisée par le lourd passé colonial. Heureusement, elle goûta aussi à la période de grande euphorie qui précéda l’indépendance. La période post indépendance fut donc pour elle à la fois pleine de défis et d’opportunités en tant que pionnière. En intégrant le cercle des artistes en Côte d’Ivoire, elle put évoluer sur la scène artistique. Ses principales expositions eurent lieu à Abidjan où elle était connue des galeries de la place, et où elle participait aux manifestations culturelles.
Début de la carrière artistique
À partir de 1973, elle se consacre entièrement à son art. Ses principales formes d’expression sont en premier lieu la peinture, d’abord à l’huile, puis à l’acrylique. Elle évolue vers la peinture-sculpture et devient sculpteur à part entière en 1987. Plus tard elle utilisera d’autres formes d’expression comme: le graphisme, création de modules pour des lieux publics (cette sculpture en inox rivetée situé dans l’enceinte du Jardin du Plateau [1]), travail collaboratif avec les architectes de la ville d’Abidjan.
A la découverte de notre corps
Elle était très intéressée par le travail sur le corps humain. Par exemple, à partir de radiographies grattées, découpées, superposées, elle cherchait à explorer les rouages mystérieux de notre corps. Au fil des années, elle arriva à un grand dépouillement et à la construction de sa propre quête de sens.
Mon travail, c’est la Vie
Elle s’avouait obsédée par le drame de la vie, par l’écart insurmontable entre les aspirations spirituelles et leurs possibilités de réalisation. C’est-à-dire entre la vie organique et celle de l’esprit. Ses sculptures réalisées en tôles plus ou moins épaisses étaient soudées ou rivetées. L’inox et le cuivre s’y ajoutaient parfois. Elle jouait avec l’équilibre des formes, trouvait de la beauté dans les rejets. À son obsession de la vie correspondait celle du temps.